Il était une fois la Méditerranée (Editions du CNRS) de Jacques Huntzinger.
Rencontre avec l'auteur.
« J’ai passionnément aimé la Méditerranée, sans doute parce que venu du Nord, comme tant d’autres, après tant d’autres. Je lui aurai consacré avec joie de longues années d’études – pour moi bien plus que toute ma jeunesse », écrivait l’historien Fernand Braudel au début de son maître livre sur la Méditerranée publié pour la première fois en 1946. Jacques Huntzinger aurait pu commencer le sien par les mêmes mots. Son essai Il était une fois la Méditerranée est celui d’un méditerranéiste chevronné, amoureux de cette « fosse liquide » bordée de plaines littorales de montagnes, unique par son climat, ses villes, son mode de vie, son histoire. Il aussi celui d’un méditerranéiste de raison qui s’efforce de rejeter tout radicalisme. D’où son goût prononcé pour la synthèse et le point de vue équilibré. Avant de donner son avis Jacques Huntzinger prend soin de se documenter. Qu’il s’agisse du dialogue des cultures, du choc des civilisations, du retour du religieux, de la politique méditerranéenne de l’Europe, il n’est pas un livre, un colloque, une rencontre diplomatique, dont il ne rend compte. Panorama historique, autant que travail prospectif, son livre est une invitation à surmonter les antagonismes, accepter les différences culturelles, fonder un nouvel universalisme. La Méditerranée devrait permettre selon Jacques Huntzinger l’émergence d’un sytème multicivilisationnel. À condition que le développement économique et le développement culturel fassent cause commune et qu’un grand projet culturel méditerranéen voit le jour… Parler dans sa langue et traduire celle de l’autre. Voilà ce dont la Méditerranée a besoin.
« La Méditerranée est le lieu où l’intelligence est sœur de la dure lumière », disait Camus. Guerre et paix, frontière et migration, tradition et progrès, identité et pluralité, choc ou dialogue des civilisations : aujourd’hui comme hier, l’avenir du monde se joue sur les rives de cette mer au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient, qui, depuis trois mille ans, est un laboratoire de l’Humanité.
De Moïse et Homère à Braudel, de Jésus et Mahomet à Huntington, mais aussi d’Hérodote à Nasser et Ben Gourion, voici la grande chronique, historique, culturelle et politique, de la Mare Nostrum où le passé vient éclairer le présent. Une chronique qui rend justice au génie des peuples qui l’ont façonnée, phéniciens, juifs, grecs, berbères, romains, persans, arabes, turcs, italiens, espagnols ou français. Une chronique qui montre comment les affrontements des cités, des royaumes, des empires, des colonisations et des décolonisations n’ont pas empêché le commerce des hommes, des formes, des idées. Une chronique, enfin et surtout, placée sous le signe de la confluence du soleil et de l’olivier, de la convergence de l’Agora et la Médina. Justice, démocratie, place de la femme dans la société, relation à la transcendance, traditions philosophiques, littéraires, artistiques : quels sont, d’une rive à l’autre, les facteurs qui divisent la Méditerranée ou, à l’inverse, l’unifient ?
En répondant à cette question et à beaucoup d’autres, en décryptant les grands débats et les commentaires majeurs de la pensée méditerranéenne, Jacques Huntzinger, en un panorama magistral, passionné et lucide, nous exhorte à ne pas céder devant la fatalité.
Nous avons invité Jacques Huntzinger pour qu’il nous raconte sa Méditerranée…
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