Le Premier homme est un roman autobiographique inachevé d'Albert Camus, publié par sa fille en 1994 (éditions Gallimard). Il devait être la première partie d'une trilogie que Camus était en train d'écrire lorsqu'il fut victime d'un accident de la route le 4 janvier 1960.
D' où vient qu'un manuscrit arrêté en pleine élaboration, achevé à certaines pages, balbutiant à d'autres, soit, malgré son inachèvement, déjà si romanesque?
Parce que les mots portent la joie de l'enfant sous le soleil des rues d'Alger, l'émotion du silence de la mère, la brièveté des jours du père disparu et qu'ils nous racontent ce qui fait un homme, son goût du bonheur, ses interrogations, sa solitude et son besoin de fraternité, sa recherche de racines et sa soif de liberté.
Après la mort de Camus il faudra trente quatre ans pour que son dernier livre nous parvienne, si humain.
C'est le temps qu'il faut pour transmettre.
Le premier homme est le livre d'une double transmission, celle reçue par Jacques, le personnage principal, à travers son oncle, son instituteur, son professeur et la nôtre reçue de la main même de Camus noircissant ses cent quarante quatre feuillets et livrant au monde les prémices d'un nouveau cycle littéraire, qu'il voulait être celui de l'amour.
Camus fait dire à Jacques qui, à quarante ans, est parti à la recherche du père :" Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence."
-"Oui, et ils meurent." ajoute son interlocuteur.
Le premier homme, lui, prolonge la présence et même si, au cours des pages nous vient parfois l'écho d'une vie fracassée contre un platane, résonnent encore les paroles de Camus qui écrivait dans son petit carnet:"En somme, je vais parler de ceux que j'aimais. Et de cela seulement. Joie profonde."
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