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YANVALOU POUR CHARLIE de LYONEL TROUILLOT (Actes Sud) Prix Wepler Fondation La Poste 2009

En Haïti, de nos jours, si on veut y rester et que l’on a de l’ambition, c’est dans la ville et les beaux quartiers, sur les hauteurs, que tout se joue. « C’est un pays de montagne, l’idéal commun est de monter vers les sommets. »


Mathurin D. Saint-Fort, le narrateur, a quitté son village quand il avait quinze ans, pour Port-au-Prince et une vie qu’il voulait réussir en devenant avocat d’affaires. Son regard est lucide et sans concession sur la société dans laquelle il évolue. Dévoré d’ambition, il a atteint son but mais oublié sa terre natale et ceux qui l’habitent.

Cette mémoire va lui être redonnée par Charlie, un adolescent inconnu, en cavale, originaire du même village que lui et venu lui demander asile. « Ce crétin de Charlie, avec sa vie de chien et son histoire de fou, était venu ouvrir la porte du retour. »

L’irruption de ce jeune révolté va entraîner Mathurin, redevenu Dieutor, comme on l’appelait dans son enfance, dans le Port-au-Prince des bidonvilles, de la misère et de l’injustice.
Dieutor quittera, un peu, ses certitudes construites jour après jour, pour le dénuement de la fraternité.
En demandant à son ancienne communauté villageoise un Yanvalou, un chant à la Terre pour les morts, il va renouer les liens qu’il avait défaits.


Roman à quatre voix, celle de Mathurin-Dieutor, celle de Charlie, celle de Nathanaël, autre gamin du centre où sont accueillis les enfants de la rue, Nathanaël au nom « de bruit d’ailes », « d’envol pour échapper aux rats » et la voix d’Anne, le premier et unique amour de Dieutor, restée au village pour éduquer les enfants, garder la terre et la culture.

En Haïti il y a Port-au-Prince et le reste de l’île, la campagne des paysans, ces « Gouverneurs de la rosée » disait l’écrivain Jacques Roumain. Mais, « La terre n’a plus les moyens d’être la servante de l’homme, sa mère nourricière. » écrit Anne dans sa lettre à Dieutor et elle ajoute :
« …chacun se démène pour arriver à lui-même. »

Reste l’âme haïtienne qui survie à l’épreuve, grâce à son peuple.




 
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